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Conférence sur « Archimède négociateur »

D’Archimède, l’on connaît surtout le fameux « Eureka » et une baignoire où bien des générations ont ensuite puisé. Mais sa notoriété, tout au cours de l’Antiquité et jusqu’à récemment, lui venait surtout d’avoir été le sauveur de Syracuse. C’est Plutarque qui, dans les Vies parallèles, fait le récit du « deal », dirions-nous aujourd’hui, entre l’illustre savant et le roi Hédion. L’anecdote est édifiante et il est loisible d’y voir un véritable modèle pour la négociation.

Rappelons l’histoire. Nous sommes autour de 212 av. J.C. et le roi de Syracuse fait appel au plus grand savant de l’époque, Archimède, pour qu’il organise la défense de sa ville assiégée par le général romain Marcellus. A la vérité, c’est Archimède qui a pris l’initiative de contacter Hédion : il lui avait écrit pour vanter  sa découverte du fameux « effet de levier ». C’est le célèbre « Donnez-moi un point fixe et je soulèverai le monde ». Si ce point mérite d’être remarqué, c’est parce qu’il rappelle que, pour qu’une négociation s’enclenche, il convient que les parties y voient leur intérêt. C’est ici le cas, du moins pour Archimède dont l’objectif est de faire financer par le roi ses recherches en physique. On devine qu’un tel objectif n’est pas assuré d’emporter l’adhésion d’un monarque qui a bien d’autres chats à fouetter et dont l’objectif est plutôt de survivre aux Romains… Ce que rapporte Plutarque, c’est pourtant la réussite d’un accord entre Hédion et Archimède, un win-win dont le ressort essentiel tient dans l’hétérogénéité des objectifs justement : c’est parce que le savant et le monarque ne veulent absolument pas la même chose qu’ils peuvent parvenir à un accord. Entre se procurer les moyens d’une recherche pure en sciences physiques et se débarrasser des Romains, il n’y a pas de « consensus » possible, ni de « compromis » obtensible : il ne peut y avoir que « traduction » et « composition« .

C’est à l’exploration de ces deux notions que s’attache la conférence « Archimède négociateur ». A partir des élaborations du philosophe Bruno Latour qui, dans son essai intitulé Cogitamus, exploite le même récit de Plutarque pour exemplifier sa démarche, il s’agit d’introduire le public, peut-être plus familier de négociations commerciales ou sociales, aux arcanes d’un art de négocier antique et subtil.